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22 février 2015

Un Roi et un Pape dans la plaine de la Baumette




























En 1538, le Pape Paul III Farnèse invite l’Empereur Charles-Quint et le Roi François Ier à Nice, pour tenter une médiation entre les deux grandes puissances catholiques, la France et l’Empire Austro-Hongrois.
-   - Charles-Quint arrive avec sa flotte de 28 galères le 9 mai 1538, dans la rade de Villefranche et y établit sa résidence
-   - Le Pape Paul III arrive à Nice le 17 mai, à bord d'une galère impériale; il est hébergé dans le couvent des Franciscains de l’Observance (site actuel de la Croix de Marbre)
-     - François Ier arrive le 31 mai et s’installe, avec sa cour et son armée, au Château de Villeneuve-Loubet

Cette rencontre politique historique va avoir lieu à Nice, dans ce que l’on appelle, à l’époque, la plaine de la Baumette

L'événement sera appelé le "Congrès de Nice" et mettra fin à la huitième guerre d'Italie. En voici le récit fait par le grand historien niçois, l’abbé Pierre Gioffredo :

Un Roi et un Pape dans la plaine de la Baumette
"D’abord arrivèrent 700 lances, qui occupèrent les collines environnant le lieu choisi pour la rencontre, d’où elles surveillaient toute la vallée. A 16 heures, un grand nombre de prélats et de nobles français commencèrent à arriver, suivis du capitaine Manès avec cent bons cavaliers, tous grecs ou macédoniens, suivis des 80 chevau-légers du comte Guillaume. Plus loin venait le grand connétable avec le seigneur César Fregoso et une infinité de cavaliers italiens et français et M. d’Annebault, ce qui faisait en tout une unité de 400 très beaux cavaliers. Arrivèrent ensuite les lances dudit comte Guillaume, en nombre égal et en bon ordre, puis cent quinze rangs d’arquebusiers disposés sept par sept, trente-sept rangs de piquiers protégés par des cuirasses, vingt et un rangs de hallebardiers, neuf enseignes, neuf autres rangs de hallebardiers, cent cinquante rangs de piquiers disposés cinq par cinq, également pourvus de cuirasses, soixante dix-huit rangs d’arquebusiers disposés trois par trois, suivis par le comte de Nassau qui conduisait 250 hommes d’armes, ce qui faisait en tout environ mille cavaliers. Derrière eux venait une troupe de lanciers légers et les gentilshommes de la garde du roi au nombre de 200 avec 600 chevaux de grande beauté, très richement harnachés, puis le duc de Lorraine avec 100 cavaliers et un grand nombre de seigneurs français, et enfin le Dauphin, le duc d’Orléans, M. de Saint-Pol, Hippolyte d’Este, archevêque de Milan. Derrière eux venait Sa Majesté Très Chrétienne montée sur un très grand cheval, couvert de velours bleu brodé d’or. Elle était vêtue de la même couleur. Les manches et les ouvertures de ses vêtements étaient tout boutonnés d’or et de très riches joyaux. Il y avait une plume bleue sur son chapeau, identique à celle que le cheval portait sur sa têtière. Le cheval volta deux fois avec tant d’habileté que chacun en resta admiratif. C’est dans cet ordre que le roi chevauchait, avec à ses côtés les deux cardinaux, Gaspard Contarini, vénitien, et Jérôme Ghinucci, siennois, que le Pape avait envoyé à sa rencontre. Il alla ainsi jusqu’à la maison de la Baumette, où les unités d’infanterie s’étaient rangées en bataille du côté de la terre et la cavalerie dans la plaine qui s’étend le long de la plage sur la longueur d’une portée d’arbalète, s’étant réunie en un seul escadron. Suivi de ses archers, le roi s’approcha du lieu où se tenait le Pape. Deux autres cardinaux vinrent à sa rencontre, Innocent Cibo, génois, et Antoine Sanseverino, napolitain. Ils laissèrent le roi au milieu d’eux et les deux autres cardinaux marchèrent deux pas en arrière. Sa Majesté descendit de cheval et baisa les pieds du Pape à genoux. Le roi ne se releva qu’après de nombreuses invitations à le faire et garda son chapeau à la main. Trois fois, à la demande pressante du Pape, il remit son chapeau sur sa tête mais, à chaque fois, avec beaucoup de respect, il se découvrait à nouveau. Une fois les discours achevés, le roi présenta au Pape ses deux fils susnommés, c’est-à-dire le Dauphin et le duc d’Orléans. Ce dernier les accueillit avec une grande joie et affection. Puis le roi se retira dans une pièce avec Sa Sainteté et s’entretint seul à seul avec Elle durant plus de quatre heures, c’est-à-dire jusqu’à vingt-trois heures trente".

Image : Taddeo Zuccaro, La Trêve de Nice (1538),
Caprarola, Palais Farnèse, vers 1565

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